Une industrie pas toujours verte

L'œuvre « Champ mécanique », de l'artiste Vincent Leroy, habille la place du Théâtre de Lille pour quelques jours. M.Libert / 20 Minutes

économie Lille célèbre l'année internationale de la chimie en misant sur l'environnement

Utiliser des pommes de terre ou des betteraves pour remplacer le pétrole dans les carburants ou les plastiques ? Un rêve pour une région agricole. Mais bien loin de devenir réalité. Hier, à Lille, l'année internationale de la chimie a pourtant été inaugurée sous l'égide de la chimie du végétal. Ou comment remplacer peu à peu les énergies fossiles par des ressources végétales. « Ce thème a été choisi car la région abrite deux gros industriels : Roquette, producteur mondial de dérivés d'amidon et Cargill, spécialiste d'additifs agro-alimentaires », confie François Trouillet, délégué général de l'Union des Industries Chimiques du Nord-Pas-de-Calais. En revanche, parmi la soixantaine d'autres entreprises chimiques de la région, on cherche encore le vert.
La recherche coûte chère
« Les industriels raisonnent souvent à court terme, en fonction de la rentabilité. Le recours à la chimie verte dépend beaucoup du prix du baril », déplore André Mortreux, enseignant-chercheur à l'université de Lille I. L'éthanol devient ainsi star quand le prix de l'essence flambe. « Pour rester compétitives, les industries chimiques sont pourtant condamnées à recourir à une chimie durable », rétorque François Trouillet, le monsieur industries chimiques régional. Face aux grands groupes souvent frileux, on trouve des PME manquant cruellement de moyens. « Une recherche de 3 ans avec un thésard coûte minimum 160 000 €, sans compter l'investissement matériel », note-t-on auprès de l'unité de catalyse et de chimie du solide de Lille. D'où la création de pôles de compétitivité Matériaux à usage durable (MAUD) et Industries Agro-Ressources (IAR), censé inciter les petites entreprises à entrer dans la danse, à grands renforts de finances publiques. Dans l'espoir que les champs deviennent un jour des mines d'or vert.
Gaëtanne Deljurie
Dialogue
Jusqu'à dimanche, des représentants de l'industrie chimique seront place du Théâtre de lille, à côté d'un champ de verdure artificiel (voir photo), pour dialoguer avec le grand public. Dans la région, 65 entreprises de la chimie emploient 10 000 salariés pour un chiffre d'affaires de 5,4 milliards.

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